Hier, j’étais en famille… Tous, autour d’une bonne table, nous avons partagé nos petites histoires du quotidien. Et puis forcément, nous nous sommes rappelés à nos souvenirs. Surpris de ces petits détails que les uns ont oublié alors qu’ils sont si prégnants pour d’autres. Et puis, heureux et émus lorsque un même souvenir a pris autant d’importance dans le cœur et l’esprit de chacun ! Parce-qu’alors ce souvenir se partage pleinement, se revit presque…
Après le repas, ma maman nous a proposé une balade particulière : partir à la rencontre de son enfance. Nous avons emprunté une petite route dans la forêt de Plounéventer. Au bout de ce chemin, s’érige depuis 1878, le monastère de Kerbénéat. Impressionnant. Imposant.
Et là, au pied de l’édifice, elle nous raconte.
C’est ici, dans les années 60, qu’elle fera ses classes au collège. Loin de sa famille, en pensionnat, avec une petite centaine d’autres fillettes. Un enseignement religieux strict donné par les Sœurs du bon sauveur de Caen. Des journées rythmées par les messes et les prières. Des semaines à attendre le dimanche pour rejoindre sa famille et être déjà de retour à 17h30. Des mois à espérer les vacances comme une libération. Et puis revenir, laisser la grande porte se refermer derrière soi et subir à nouveau ces règles de vie aux confins de l’absurdité. Ici, il fallait se cacher pour rire. Pour pleurer aussi. Pleurer sur l’enfance qui file trop vite. Et puis, un jour se révolter. Et enfin obtenir l’autorisation de vivre sa vie. Face à ses souvenirs, elle nous dit « Je me demande encore comment j’ai fait pour tenir… ».
Et pourtant, maman, tu le sais… Tout simplement, parce-que qu’au cœur de cette épreuve, tu auras su – chaque jour et comme toujours – percevoir le bon, profiter du bien, y partager le meilleur. Parce-que c’est toi… Merci d’avoir partagé ce souvenir avec nous, avec moi. Longtemps, maman, je me souviendrai de ce dimanche dans les bois.
Un souvenir, comme un sursaut de l’âme.
